Jean-Lucien Savi de Tové. Photo @Nady228 Wikipedia
Le Togo inaugure un tournant institutionnel majeur avec l’entrée en vigueur de la Ve République. Cette réforme politique redéfinit la répartition des pouvoirs au sommet de l’État, instaurant un régime parlementaire dans lequel la fonction présidentielle devient essentiellement symbolique. Faure Gnassingbé, qui dirigeait le pays depuis près de vingt ans, conserve l’essentiel des prérogatives exécutives en accédant à la présidence du Conseil des ministres, nouvelle clé de voûte du pouvoir. Le poste de Président de la République, désormais cantonné à des missions honorifiques, est confié à Jean-Lucien Savi de Tové, figure historique de la scène politique nationale et ancien opposant.
L’élection s’est tenue le 3 mai dans l’hémicycle annexe de l’Assemblée nationale, où 149 parlementaires, issus des deux chambres réunies en congrès constitutionnel, ont procédé au vote. Unique candidat en lice, Jean-Lucien Savi de Tové a été proposé par l’Union pour la République (UNIR), formation politique largement dominante. Agé de 86 ans, il a été élu sans surprise, conformément aux dispositions de la nouvelle constitution qui encadrent strictement le profil requis pour cette fonction. Kodjo Adedze, président du congrès, a rappelé que le candidat remplissait l’ensemble des critères : nationalité togolaise d’origine, résidence continue sur le territoire national, intégrité physique et mentale confirmée par expertise médicale.
Ancien ministre du Commerce entre 2005 et 2007, cofondateur de la Convention des Peuples pour le Progrès (CPP) et acteur marquant de la Conférence nationale souveraine de 1991, Jean-Lucien Savi de Tové est reconnu pour sa trajectoire politique modérée. Cette élection formalise son retour sur le devant de la scène dans un rôle qui, bien que dénué d’influence décisionnelle, reste essentiel pour incarner l’unité nationale et garantir la stabilité des institutions.
Faure Gnassingbé toujours le maître
Quelques heures avant cette élection, Faure Gnassingbé prêtait serment en tant que Président du Conseil devant la Cour constitutionnelle, confirmant ainsi la concentration du pouvoir exécutif entre ses mains. Le changement de régime modifie donc la forme, mais maintient le même équilibre des forces : Faure Gnassingbé reste chef des armées, responsable des affaires étrangères, et pilote l’action gouvernementale, malgré la révision des structures étatiques.
Avec cette nouvelle organisation institutionnelle, le Togo entre dans une ère parlementaire où la distinction entre pouvoir exécutif et fonction présidentielle est pleinement actée, redéfinissant les symboles sans bouleverser les réalités du pouvoir.