Publié le 2 mai 2025
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« Je ne connais pas Giscard d’Estaing. Je ne sais pas qui il était ! », lance Franck Hervé Mansou, un habitant d’Abidjan. Ce trentenaire est ravi que la plus grande ville de Côte d’Ivoire débaptise le boulevard portant le patronyme de l’ancien président français, ainsi que d’autres axes routiers aux noms français. Le pays a « décidé de moderniser son système » de dénomination de rues, confirme à l’AFP le responsable du projet au ministère de la Construction, Alphonse N’Guessan.
Les noms des rues « n’étaient pas forcément utilisés par nos populations » alors qu’ils doivent « retracer notre histoire, notre culture », insiste le représentant du gouvernement. Si plusieurs États africains ont récemment décidé de renommer une partie de leur espace public, en dénonçant une présence encore trop visible de l’ancienne puissance coloniale française, Yamoussoukro indique, elle, ne pas souhaiter s’inscrire dans cette démarche.
« Expliquer à nos enfants qui est qui »
Sur l’axe qui relie le centre d’Abidjan à l’aéroport sur environ huit kilomètres, l’emblématique « boulevard VGE », hommage à l’ancien président français, s’appellera désormais « Félix Houphouët-Boigny ». Le boulevard de Marseille portera le nom de l’ancien président de l’Assemblée nationale Philippe Grégoire Yacé, et le boulevard de France, celui de la toute première première dame de Côte d’Ivoire, Marie-Thérèse Houphouët-Boigny.
« Les voies de Côte d’Ivoire doivent porter les noms des révolutionnaires et des politiciens ivoiriens. Là, dans l’avenir, on peut expliquer à nos enfants qui est qui », juge ainsi Franck Hervé Mansou. « C’est une grande satisfaction déjà pour nous parce que le président Félix Houphouët Boigny a été et restera encore dans la mémoire de tous les Ivoiriens », abonde Jean-Bruce Gnéplé, un autre Abidjanais d’une quarantaine d’années.
Selon l’urbaniste Wayiribé Ismaïl Ouattara, « il est important pour les Africains de s’identifier au développement de la ville ». Notamment pour une « population qui devient de plus en plus jeune » et n’a pas les mêmes références que ses aînés, estime-t-il. En Côte d’Ivoire, 75 % des habitants ont moins de 35 ans.
Plusieurs rues nommées pour la première fois
Reste que toutes les voies rendant hommage à des figures françaises n’ont pas été débaptisées. La commune de Treichville, du nom de l’administrateur colonial et explorateur Marcel Treich-Laplène et celle de Bingerville, de celui du gouverneur colonial Louis Gustave Binger, en banlieue d’Abidjan, n’ont pas non plus fait l’objet de changements.
La dénomination des rues « ne vise pas à effacer la mémoire collective », commente Wayiribé Ismaïl Ouattara. Et pour un jeune, passer devant le patronyme d’un gouverneur colonial « ne créera pas le même ressenti que pour la personne qui a vécu la colonisation », estime l’urbaniste.

En réalité, il s’agit surtout de donner une appellation à des rues qui n’en avaient jamais eu : sur les quelque 15 000 voies que compte Abidjan, environ 600 portaient un nom jusqu’ici. Un choix qui aura aussi des répercussions économiques, avec un impact sur le tourisme, explique Wayiribé Ismaïl Ouattara. « Il faut vraiment qu’on puisse nommer tous ces espaces, pour le tourisme notamment, pour qu’une personne puisse se repérer d’un endroit à un autre et pour que la ville puisse s’ouvrir au monde entier. »
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(Avec AFP)