En Côte d’Ivoire, le nom de Tidjane Thiam résonne à la croisée des mondes économique et politique. Ancien patron du Crédit Suisse, ex-ministre sous Henri Konan Bédié, et visage familier de la haute finance internationale, Thiam avait décidé de revenir sur la scène nationale pour porter les ambitions du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) à la présidentielle de 2025. Sa trajectoire, marquée par une double appartenance culturelle et citoyenne, devait symboliser le renouveau d’un parti historique en perte de vitesse. Mais les ambitions de l’ancien banquier viennent d’être contrariées par une décision de justice qui l’écarte officiellement de la course à la magistrature suprême.
La question de la nationalité relance les tensions politiques
La justice a tranché en faveur de l’invalidation de sa candidature, estimant qu’en ayant acquis la nationalité française en 1987, il avait automatiquement perdu sa nationalité ivoirienne. Bien que les avocats de Thiam aient présenté des documents attestant d’une double nationalité dès la naissance, la cour n’a pas retenu cet argument. Le verdict, sans possibilité de recours, a ravivé les accusations de manipulation politique au sein de l’opposition, qui y voit une tentative d’élimination ciblée. En parallèle, le camp présidentiel insiste sur la légalité de la décision et refuse de commenter davantage, affirmant ne pas être à l’origine de la procédure.
Le camp opposé au pouvoir n’est pas à son premier revers. D’autres figures comme Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé ou encore Guillaume Soro sont elles aussi absentes du fichier électoral, pour des motifs judiciaires. L’opposition apparaît donc affaiblie et morcelée à quelques mois du scrutin. Le PDCI, qui comptait sur le retour de Thiam pour relancer sa dynamique, se retrouve désormais sans candidat clair, alors même que le RHDP reste silencieux sur le nom de son prétendant, bien que la pression monte pour une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara.
Dans ce contexte, le débat sur l’accès à la citoyenneté et aux droits politiques pourrait revenir au centre des discussions. Pour de nombreux électeurs, la lecture stricte du droit semble peser de manière sélective sur certains profils. Le sort de Thiam, en plus de reconfigurer la campagne à venir, met en lumière les failles juridiques et politiques d’un système électoral où la ligne entre légalité et stratégie reste floue.