Acteur majeur de la production pétrolière en Afrique, l’Algérie continue de jouer un rôle clé dans l’approvisionnement en énergie de nombreux pays, notamment en Europe. Son réseau logistique, ses capacités de traitement et sa proximité géographique avec le marché européen lui confèrent un poids stratégique. La part importante des hydrocarbures dans les revenus du pays accentue l’importance de chaque évolution dans le secteur, qu’il s’agisse de volumes, de destinations ou de nature des produits exportés.
Le brut recule, les produits transformés s’imposent
Les derniers chiffres révèlent une modification notable dans la composition des livraisons algériennes. La vente de pétrole brut, longtemps dominante, représente désormais à peine plus d’un tiers des expéditions. À l’inverse, les carburants et dérivés traités localement forment plus de la moitié des volumes envoyés à l’étranger. Cette évolution traduit une volonté de privilégier des exportations à plus forte valeur, malgré un léger tassement récent des quantités concernées.
Cette réorientation n’est pas le seul facteur de changement. Les exportations globales ont fléchi au premier trimestre 2025, avec une baisse de l’ordre de 4,5 % sur un an. Ce recul s’explique aussi par une décision coordonnée entre plusieurs pays exportateurs de limiter leur offre sur les marchés internationaux. L’Algérie a ainsi réduit volontairement ses ventes de 48 000 barils par jour, dans le cadre d’un accord élargi qui regroupe neuf pays producteurs. Cette limitation devrait rester en place jusqu’en 2026.
Une production constante malgré la contraction extérieure
Malgré cette baisse des expéditions, les niveaux de production enregistrés en début d’année sont restés proches de ceux de la fin 2024. Le volume quotidien de brut extrait se maintient légèrement au-dessus des 900 000 barils, ce qui témoigne d’une gestion interne plus stable que ne le laissent penser les mouvements à l’export. Il ne s’agit pas d’un ralentissement industriel, mais plutôt d’un ajustement dans la répartition des débouchés.
La baisse la plus nette a été observée sur la période récente si l’on compare les données au dernier trimestre 2024 : environ 83 000 barils par jour en moins pour les produits raffinés. Cela suggère que les quotas ne sont pas les seuls éléments en jeu. Les acheteurs révisent aussi leurs choix, dans un contexte marqué par une volatilité persistante des prix et des stratégies d’approvisionnement plus diversifiées.
Des conséquences commerciales à surveiller de près
Cette évolution pourrait avoir des répercussions sur les partenaires traditionnels de l’Algérie. En France, par exemple, la structure des importations a changé en 2025, avec une place croissante donnée à des produits raffinés plutôt qu’au brut classique. Cette redistribution des volumes et des types de produits laisse entrevoir une recomposition plus large des relations commerciales énergétiques.
L’Algérie semble ainsi vouloir renforcer son rôle non seulement comme fournisseur d’énergie brute, mais aussi comme acteur industriel capable de proposer des produits finis. Cette orientation pourrait modifier la place du pays sur le marché pétrolier méditerranéen, en le plaçant en concurrence avec d’autres pays raffinant eux-mêmes leur pétrole. Si la tendance se confirme, Alger pourrait miser sur ses infrastructures locales pour mieux capter la valeur ajoutée du secteur, tout en poursuivant ses engagements au sein de l’alliance OPEP+.