Publié le 16 avril 2025
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Le dialogue qui avait été enclenché après un appel entre le président algérien et son homologue français fin mars semble déjà parti en fumée. La France a décidé mardi 15 avril de répondre à la décision de l’Algérie d’expulser douze agents consulaires français, en appliquant la même mesure. Paris a accusé Alger d’être responsable de cette nouvelle « dégradation brutale » des relations.
Dans un communiqué, l’Élysée a également annoncé qu’Emmanuel Macron avait décidé de « rappeler pour consultations l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet ». La décision a été prise par le président français alors que les autorités algériennes ont refusé de revenir sur leur résolution et que les douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur étaient bien en route pour la France hier, selon une source diplomatique.
Pour la présidence, cette expulsion « méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires » et « est injustifiée et incompréhensible ». Du côté du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui s’était rendu en Algérie début avril pour recoudre les liens, on estime que le régime algérien a « choisi l’escalade ». « Le dialogue toujours, mais pas à sens unique », a-t-il assuré.
Les autorités algériennes ont choisi l’escalade : nous répliquons comme annoncé. En réponse à leur décision injustifiée et incompréhensible, nous expulsons 12 agents algériens et rappelons pour consultations notre ambassadeur. Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique.
— Jean-Noël Barrot (@jnbarrot) April 15, 2025
Alger dénonce l’arrestation d’un employé consulaire
Trois hommes, dont un employé de l’un des consulats d’Algérie en France, ont été mis en examen vendredi dernier à Paris, soupçonnés de l’enlèvement d’un opposant au régime d’Abdelmadjid Tebboune en exil en France, Amir Boukhors, surnommé « Amir DZ ». La victime raconte avoir été appréhendée en avril 2024 par plusieurs hommes se faisant passer pour des policiers, avant de se retrouver enfermée plus de vingt-quatre heures dans un conteneur en Seine-et-Marne, et avoir été droguée.
Furieuses de ces arrestations, les autorités algériennes ont pointé du doigt la responsabilité du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier a réagi mardi soir, affirmant que la réponse française était « totalement appropriée », et jugeant « inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens ». Plus tôt, le chef de la diplomatie était venu à sa défense, rappelant l’indépendance de la justice française et assurant que Bruno Retailleau n’avait « rien à voir » avec cette affaire.
Celui qui s’est fait le porte-voix ces derniers mois d’une ligne de fermeté face à l’Algérie, notamment en matière migratoire, a aussi averti mardi soir : Alger doit « continuer à tenir ses obligations » en matière migratoire et sécuritaire malgré les « différends » avec la France.
Je prône la fermeté depuis des mois. Nous sommes un État et une Nation. L’État doit être fort et la Nation fière et respectée. J’ai toujours pensé qu’avec l’Algérie, nous devions établir un rapport de force. pic.twitter.com/Oekf1TWfVM
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) April 15, 2025
La nécessité de reprendre les discussions
Ce mercredi 16 avril, sur la radio France Inter, Jean-Noël Barrot a tout de même défendu sa méthode, que certains en France estiment trop modérée. Le dialogue est « la seule manière de résoudre durablement les tensions », a-t-il insisté, jugeant « irresponsables » ceux qui prônent une ligne différente. « Je dis simplement que si nous voulons des résultats pour les Françaises et les Français, il nous faudra un jour ou l’autre revenir à un dialogue franc, lucide et exigeant » avec le régime algérien, a-t-il ajouté.
« Nous avons intérêt à avoir une relation normale avec l’Algérie, à sortir des tensions pour que nous puissions expulser les Algériens en situation régulière, que nous puissions avoir un dialogue sur le renseignement, sur la lutte contre le terrorisme, que nous puissions aussi obtenir la libération de notre compatriote Boualem Sansal aujourd’hui détenu arbitrairement en Algérie », a encore expliqué le chef de la diplomatie française.
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L’écrivain franco-algérien, arrêté en novembre et condamné depuis à cinq ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Dar El Beida, n’a toujours pas bénéficié d’une grâce présidentielle. Les deux filles de l’écrivain ont d’ailleurs appelé le président français à obtenir sa libération au plus vite, dans une tribune publiée mardi soir sur le site du Figaro, qualifiant cette demande de « dernier élan d’espoir ».
(Avec AFP)