Plusieurs semaines après le verdict rendu par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), dans l’affaire de « complot contre la sûreté de l’Etat », impliquant des proches du président Patrice Talon, les débats de coulisse se poursuivent toujours.
Pour s’en convaincre, après sa dernière sortie médiatique sur le Magazine Jeune Afrique, où il s’exprimait, la main sur le cœur, pour la première fois sur le sujet, le locataire du palais de la Marina a encore brisé l’omerta, mais cette fois-ci, dans les coulisses.
C’était le jeudi 10 avril 2025, lors d’une rencontre qu’il a eue avec le Cadre de concertation des confessions religieuses du Bénin (CCCR). Dans le compte rendu de la séance, publiée sur le site du Gouvernement, il est clairement mentionné que le Chef de l’Etat a abordé avec ses hôtes, plusieurs questions relatives à la vie des confessions religieuses, les élections générales de 2026 mais aussi et surtout « l’affaire de complot contre la sûreté de l’Etat impliquant des proches du Président de la République ».
Sans être dans le secret des dieux, l’on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le président Talon a probablement redit ses regrets, aux membres du Cadre de concertation des confessions religieuses, comme il a tâché de le faire le mois dernier, dans l’entretien accordé au média Panafricain.
Lors de cet entretien, en effet, Patrice Talon a confié avoir vécu la trahison de son ami Olivier Boko comme un « drame, une tragédie intime ». Selon lui, « Olivier Boko était un frère, un compagnon de fortune et d’infortune » avec qui, il a « vécu l’exil, la conquête puis l’exercice du pouvoir ».
« Ma confiance envers lui était totale au point où je lui avais délégué le contrôle des services de renseignement et de ma propre sécurité », a-t-il déclaré, ajoutant : « je ne sais pas ce qui lui a pris. Pourtant, il était dit et convenu entre nous qu’autant je refusais de m’éterniser au pouvoir, et cela pour le bien du pays et de la démocratie, et pour les mêmes raisons, il est inenvisageable à mes yeux que mon successeur soit issu de ma famille ou mon clan. Or, si un homme était de mon clan, c’était bien Olivier Boko », a confié le Chef de l’Etat.
Arrêté dans la nuit du 23 au 24 septembre 2024, Olivier Boko est jugé et condamné, le 30 janvier 2024, à 20 ans de prison ferme et 4,5 milliards d’amende plus 60 milliards de dommages et intérêts, au même titre que ses co-accusés, son beau-frère Rock Nieri, en cavale, et l’ancien ministre des sports Oswald Homéky. Ils ont été reconnu coupable par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), des faits de « complot contre l’autorité de l’Etat », de « corruption d’agent public et faux certificats ».
A chaque étape de la procédure judiciaire, les prévenus n’ont pas reconnu les faits et ont clamé leur innocence.