Au Burkina Faso, des journalistes arrêtés pour avoir fait des déclarations sur des entraves à la liberté de presse depuis l’arrivée au pouvoir du président Ibrahim Traoré, ont récemment fait leur première apparition publique mais dans des circonstances toutes particulières. Ils ont été aperçus sur le terrain de combat en tenue militaire.
En effet, depuis l’arrivée au pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré, c’est désormais un secret de polichinelle. Toutes les voies discordantes sont arrêtées, mises au cachot ou au pire des cas, envoyées au front. Une manière, selon le dirigeant de l’AES, de leur permettre d’être utiles à la nation, en combattant aux côtés des Forces armées du pays contre les terroristes.
C’est le cas des journalistes Guézouma Sanogo, Boukari Ouoba et Luc Pagbelguem. Ils sont tous les trois visibles dans une vidéo qui les montre en tenue militaire.
Dans la vidéo, on voit Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba, respectivement président et vice-président de l’Association des journalistes du Burkina Faso. Et au milieu se tient le reporter de la chaîne privée BF1, Luc Pagbelguem. En uniforme, dans le désert, sur ce qui s’apparente à un centre de recrutement ou d’entraînement militaire, d’après l’attitude des personnes en arrière-plan.
Devant un micro tendu, Luc Pagbelguem affirme que le terrain, « c’est une autre réalité ». « On a vu le butin que l’armée a saisi » et s’interroge : « Qui donne tout ça aux terroristes ? »
« Nous sommes arrivés ici dans des circonstances particulières, mais nous apprécions, car on peut mieux rendre compte », déclare, à son tour, Boukari Ouoba, lorsque le micro lui a été tendu.
Avant ces trois hommes de médias, plusieurs autres anciennes personnalités du pays avaient été aperçues au front, arme à la main. Il s’agit par exemple de l’ancien ministre Ablassé Ouedraogo, âgé de 70 ans, et Boukary Ouedraogo, président du mouvement l’Appel de Kaya.