Les rapports entre le président français Emmanuel Macron et les chefs d’État marocain, algérien et tunisien se sont nettement dégradés. © MONTAGE JA; Ludovic Marin/AFP; Fadel Senna/AFP; Serguey Pyatakov/EPA/EFE/MAXPPP; Nicolas Fauqué
Publié le 3 novembre 2023
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Un roi du Maroc tellement irrité par l’attitude d’Emmanuel Macron à son égard qu’il refuserait même, dit-on, de le prendre au téléphone. Un pouvoir algérien en plein raidissement et qui, un an après une visite officielle du président français, pourtant saluée comme un grand succès, semble ne plus rien vouloir discuter avec Paris. Un président tunisien agacé de voir que l’Europe – et la France – ne semble plus considérer son pays que comme une zone de rétention pour les candidats à l’immigration et qui, à tout prendre, préfère s’entretenir directement avec la patronne de l’UE, Ursula von der Leyen, ou avec la bouillonnante dirigeante italienne Giorgia Meloni plutôt qu’avec l’ancien partenaire français…
La France de 2023 n’est guère en odeur de sainteté dans une majeure partie de l’Afrique, difficile de ne pas le remarquer, et les trois pays du Maghreb ne font pas exception à la règle. Beaucoup en imputent la responsabilité à Emmanuel Macron : un président – trop ? – jeune, peu respectueux des usages, et qui, obnubilé par l’idée de casser les codes, n’écouterait personne, pas même ses conseillers habitués à discuter avec les partenaires africains. La personne du président français ne saurait pourtant expliquer à elle seule le désamour que subit son pays. Les causes en sont à la fois plus sérieuses et plus profondes ; elles tiennent aussi au renouvellement des générations sur le continent.
Et pourquoi ne pas apprendre le chinois ?
Les jeunes adultes d’aujourd’hui n’ont pas le vécu de leurs parents ou de leurs grands-parents, n’ont pas reçu le même enseignement, n’aspirent pas aux mêmes choses, n’ont pas les mêmes rêves. Leur rancune, quand elle existe, n’est pas forcément la même. Tout cela se traduit en particulier dans leur rapport aux langues étrangères, et en premier lieu au français. Les difficultés qui ont entouré l’organisation du dernier sommet de la Francophonie, à Djerba, en novembre 2022, ne sont qu’une manifestation du problème.
Pourquoi, dans le monde tel qu’il est, continuer à apprendre le français plutôt que l’anglais… ou le chinois ? Pourquoi faire l’effort d’intégrer la grammaire complexe héritée du colonisateur, lequel ne se montre guère pressé d’accueillir dans ses universités les jeunes Marocains, Algériens ou Tunisiens encore amoureux de sa culture ? Rejet du français ? Rejet de la France ? Paris devrait s’interroger avant qu’il ne soit (vraiment) trop tard.
Retrouvez les trois épisodes de cette série :
Épisode 1 – Le lent déclin du français en Algérie
Épisode 2 – Au Maroc, le destin de la langue française est-il politique ?
Épisode 3 – En Tunisie, pourquoi étudier la langue d’un pays qui vous malmène ?