En dépit des avancées notées dans le processus d’intégration, l’espace Uemoa est confronté à des difficultés d’ordres économique, sécuritaire et climatique. Le Rapport annuel 2022 sur le fonctionnement et l’évolution de l’Union fait des recommandations par rapport aux défis.
Persistance des pressions inflationnistes, obstacles à la libre circulation des populations, insécurité dans plusieurs zones, vulnérabilité des économies face aux chocs exogènes… Le processus d’intégration dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) reste confronté à de nombreuses difficultés, en dépit des mesures prises par les Etats membres. Le Rapport annuel 2022 sur le fonctionnement et l’évolution de l’Union insiste particulièrement sur la persistance de la crise sécuritaire dans la zone du Sahel, et les crises sociopolitiques dans certains Etats membres qui ont impacté négativement les performances économiques. L’insécurité occasionne le déplacement de nombreuses populations de leurs zones habituelles de résidence et impacte négativement la mise en œuvre des programmes et projets de développement socio-économique dans les zones concernées, indique le document. Les menaces sécuritaires auxquelles font face la plupart des Etats constituent un frein à l’approfondissement du processus d’intégration.
La vulnérabilité des économies face aux effets néfastes du changement climatique s’est exacerbée avec la persistance de la Covid-19 qui freine toujours les activités économiques et grève le budget des Etats, et la survenance en 2022 de la crise russo-ukrainienne qui a engendré le resserrement accru des conditions monétaires au niveau international.
A tout cela, s’ajoute la lenteur dans l’application des réformes, notamment celles relatives à la libre circulation et au droit d’établissement, à la concurrence, à l’édification du marché commun et à l’harmonisation des cadres de gestion des finances publiques. Les tracasseries routières dans plusieurs pays empêchent la libre circulation des populations au sein de l’Union, à l’instar de la fermeture des frontières terrestres de la Côte d’Ivoire, seul pays qui a encore officiellement ses frontières terrestres fermées pour cause de la Covid-19. Ces difficultés rendent fragiles les perspectives économiques des Etats membres de l’Uemoa.
Focus
Au regard de l’évolution de l’environnement économique international, il importe que les dirigeants se focalisent sur l’amélioration de l’environnement sécuritaire, la relance des économies nationales post-Covid, l’assainissement des finances publiques et l’adoption d’un nouveau Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de l’Union, selon le rapport de la Commission de l’Uemoa. D’autres défis doivent également faire l’objet d’attention particulière, notamment l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l’avènement de l’Eco, le développement de l’offre de services numériques, la forte croissance démographique, le chômage des jeunes, la mortalité maternelle et infantile, la baisse relative des ressources propres et extérieures, la conduite du processus de convergence avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Pour lever les obstacles, il est recommandé, entre autres, la finalisation et la mise en œuvre de la stratégie régionale de renforcement des capacités des Etats membres en matière de prévention, de détection et de réponse aux épidémies, le renforcement des capacités d’alerte et de réponse des États membres dans la prévention des crises politiques et des conflits, l’accélération de la mise en œuvre du plan d’actions de l’Uemoa dans le domaine de la paix et de la sécurité. La transformation structurelle des économies des Etats membres reste un impératif qui appelle à l’accélération de la mise en œuvre des réformes structurelles et des politiques sectorielles, en particulier dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et des innovations technologiques afin d’accroître les capacités productives de ces derniers.
Par ailleurs, la poursuite du renforcement du dialogue avec les États membres permettrait de renforcer l’efficacité du processus de revues annuelles des réformes, politiques, programmes et projets communautaires, l’accélération de la mise en œuvre des réformes communautaires, notamment dans le domaine de la concurrence, de la libre circulation et du droit d’établissement ■