La fin de Barkhane et le recours aux mercenaires russes de Wagner, déployés aux côtés des Forces armées maliennes (Fama), a-t-elle réellement permis à Bamako de renverser le rapport de force avec les groupes jihadistes ? Depuis plusieurs mois, une bataille de propagande fait rage sur les réseaux sociaux et dans les médias. Sur le terrain, les choses sont évidemment beaucoup plus complexes. Comment le nombre de victimes civiles évolue-t-il ? À quel point la menace jihadiste se propage-t-elle et se rapproche-t-elle vraiment de Bamako ?
« Projet de prédation »
Dernier exemple de la lutte d’influence auprès des opinions ouest-africaines, la diffusion d’un dessin animé réalisé par Wagner fin janvier. Les soldats français y sont présentés comme des zombies et ce sont des mercenaires russes qui viennent à la rescousse des soldats maliens. Lors de sa visite à Bamako, le 7 février, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a par ailleurs salué « l’avantage comparatif » de la coopération entre son pays et le Mali d’Assimi Goïta. Paris n’est pas en reste et multiplie les critiques. Emmanuel Macron a ainsi dénoncé, en novembre dernier, le « projet de prédation » russe en Afrique de l’Ouest.
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Une chose est sûre : en dix ans de présence dans le Sahel, les militaires français ne sont en effet pas parvenus à endiguer le phénomène jihadiste. Mais les données de l’Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled) que nous avons compulsées montrent aussi que l’arrivée des mercenaires de Wagner n’a pas non plus permis d’enrayer cette propagation. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) de Iyad Ag Ghaly et l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) – qui se livrent par ailleurs une guerre sans merci – ont encore augmenté le rythme de leurs attaques. Une propagation de la violence à laquelle les civils paient un lourd tribut. État des lieux d’une défaite en cours, en cartes et en infographies.