Le secteur privé est sollicité pour financer des projets résilients face au changement climatique en Afrique. Les voies et moyens sont au cœur de la Conférence internationale sur la finance verte qui se déroule, depuis hier mardi 5 juillet, à Cotonou.
Le changement climatique n’est pas une fatalité. Il y a des opportunités d’investissements à saisir pour créer la résilience. Les intervenants à la 6e édition de la Green finance conférence qui se déroule à Cotonou n’ont cessé de le rappeler. Jules Ngankam, directeur général groupe African Guarantee Fund a déploré de grandes disparités. « Chaque année, 300 milliards de dollars d’émissions vertes sont émis dans le monde. L’Afrique n’en capte que 1 %. Comment passer de 1 % à 10 % ? C’est l’objectif de conférence sur la Green finance. Nous voulons augmenter le volume de financements vers le continent africain », a-t-il déclaré. Placée sous le haut parrainage du ministre d’État, Romuald Wadagni, la Green finance conférence est organisée par le Nordic Development Fund (Ndf) et l’African Guarantee Fund (Agf). Cette conférence qui a pour thème : « La contribution du secteur privé africain à la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat» présente de grands enjeux. «Il y a lieu d’accompagner les acteurs économiques pour tirer le maximum d’opportunités qu’offrent les enjeux climatiques», a déclaré Jules Ngankam pour qui le choix du Bénin tient au leadership de ce pays classé aux premiers rangs en Afrique francophone en matière de transparence budgétaire. C’est aussi l’économie la plus dynamique de la zone Uemoa. «Nous voulons nous inspirer des succès réalisés par le pays, des succès en matière de leadership, de dynamisme, d’innovation et de transparence », a insisté Jules Ngankam à l’entame de cette conférence qui regroupe les partenaires au développement, les banques et le secteur privé.
L’engagement du Bénin dévoilé
A l’occasion, le ministre d’État, Romuald Wadagni n’a pas manqué de mettre en relief l’engagement du Bénin sur la finance climatique, axée sur le Programme d’action du gouvernement et sur le document des Contributions déterminées nationales (Cdn). Le pays fait d’ailleurs partie des premiers à finaliser dès 2017 son document de Cdn. Ces documents actualisés après la réélection du président Talon en 2021 et l’élaboration du cadre d’action pour les Odd ont été d’une importance capitale. Ces instruments ont permis au Bénin d’être le premier pays africain à faire une émission d’obligations internationales dédiées au financement de projets à fort impact sur l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd). « Il y a eu tout un cheminement après la Cop 21 à Paris qui nous a permis d’avoir ce résultat », a souligné Romuald Wadagni qui a rappelé aussi les mesures incitatives pour favoriser des investissements privés. Mais il y a des contraintes à prendre en compte dans cet élan pour mobiliser des financements verts. Les coûts d’investissements pour la transition verte en Afrique sont élevés. Aujourd’hui pour produire un Mégawatt d’électricité à base du fioul lourd, le coût de revient est d’environ 750 000 euros. Il faut un million d’euros pour une centrale à gaz et 2 millions d’euros pour le solaire. « Quand on est un pays pauvre et qu’on a la pression de sa population pour fournir de l’électricité, la tentation d’avoir une centrale qui marche au fioul lourd est forte malheureusement. De l’autre côté, on ne peut pas passer d’un coût d’investissements de 750 000 à 2 millions d’euros pour un Mégawatt. C’est plus que le double », fait remarquer Romuald Wadagni pour qui les financements ne sont pas faciles à mobiliser pour une centrale à gaz, dans le cadre de la transition. L’Afrique a besoin d’investissements. Les débats ont été assez animés sur comment y arriver, avec l’appui des institutions financières de développement telles que African guarantee fund, l’Agence française de développement, la Banque ouest-africaine de développement, la Société financière internationale.