Le Bénin, à l’instar des sept autres Etats de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa), a pris part, ce jeudi 24 novembre, au symposium international autour du thème « Les Banques centrales dans un monde en mutation ». Organisés par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) au Centre international de conférences Abdou Diouf de Dakar, dans le cadre de ses 60 ans d’existence, les travaux ont été ouverts par Amadou Ba, premier ministre sénégalais représentant le président Macky Sall, ainsi que le vice-président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné.
Institut d’émission des huit Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) ayant le franc Cfa en commun, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) commémore ses 60 ans de vie. Face aux défis qu’imposent aujourd’hui les crises liées à la Covid-19 ainsi que la guerre en Ukraine, quoi de plus pertinent que de mener des réflexions autour des mutations auxquelles sont confrontées les banques centrales. A travers le symposium international autour du thème « Les banques centrales dans un monde en mutation » qui s’est tenu, ce jeudi 24 novembre au Centre international de conférences Abdou Diouf de Dakar, la Bceao relance les débats sur des problématiques d’intérêt. Des questions dont la politique monétaire et la gestion des chocs, la stabilité financière, les vulnérabilités et risques des banques centrales ainsi que la digitalisation et l’inclusion financière ont été abordées.
Provenant de divers horizons, les invités à ces assises au nombre desquels des représentants de diverses institutions financières, des acteurs du monde économique et financier et autres universitaires des pays de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) ont échangé sur le futur dans un contexte où les menaces ne sont pas moindres.
A l’ouverture des travaux du symposium, Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Bceao, sans avoir à faire l’historique de l’institution qu’il dirige, a indiqué que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a toujours su relever les défis aux différentes époques pour poursuivre sa marche au service des Etats et des populations. Ceci, à travers de nombreux challenges dont l’africanisation et la formation des cadres, la modernisation des instruments de politique monétaire et des systèmes et moyens de paiement, le renforcement de la supervision bancaire, le développement des infrastructures financières et du marché des titres ainsi que la gestion des réserves de change. Toutefois, ces acquis n’occultent pas la fragilité de plus en plus marquante des économies face aux chocs actuels.
Plus de créativité
Tiémoko Meyliet Koné, vice-président de la Côte d’Ivoire, relève que la célébration du 60e anniversaire de l’institution financière intervient à un moment crucial où les Etats expriment le besoin de donner une impulsion économique et financière en vue de maintenir, sur le long terme, la dynamique d’une croissance soutenue et dans un contexte international et régional difficile. « La période que nous traversons est marquée par un certain nombre de mutations technologiques, mais aussi par des inquiétudes sécuritaires et climatiques. Les mutations technologiques caractérisées par l’éclosion technique et l’intelligence artificielle des Big data créent certes, de nouvelles activités mais aussi et surtout des risques. Quant à la conjoncture internationale récente, elle est marquée par un retour à des tensions géopolitiques et sécuritaires. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine et la recrudescence du terrorisme dans le Sahel en sont des illustrations. Les changements climatiques avec leur lot de problèmes dont la sécheresse, l’incendie ont provoqué aussi des chocs répétés sur l’activité économique et financière. Tous ces bouleversements qui affectent le monde actuel donnent une idée de ce qui nous attend », souligne-t-il. Les échanges, souhaite-t-il, devraient contribuer à attirer davantage l’attention sur les attentes des différents acteurs ainsi que des Etats et des agents économiques. Il s’agit donc, selon Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Bceao, de tourner les regards vers l’avenir au vu des nombreux défis actuels. Le symposium s’affiche telle la tribune de choix pour partager les réflexions et expériences pour des idées novatrices en vue d’anticiper sur les bouleversements possibles.
Rassuré que la dynamique de l’émergence des pays de l’Union monétaire ouest- africaine est bien engagée malgré les crises que connaît le monde depuis longtemps, Amadou Ba, premier ministre sénégalais, reste optimiste quant aux solutions susceptibles d’enrayer les effets négatifs de la pandémie de Covid-19, ainsi que les chocs inflationnistes qui s’en sont suivis et les conséquences désastreuses du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Il en appelle à un sursaut d’orgueil des différents acteurs pour un nouveau cap. Tout comme en 2020, lors de la crise liée au coronavirus où la banque a ajusté ses instruments pour assurer la liquidité du système bancaire nécessaire pour accroître le financement des économies et contribuer ainsi à la relance, des mécanismes devront être réinventés pour la prise en compte des nombreux défis actuels. Des réformes s’avèrent nécessaires tout autant que des réflexions autour de la dématérialisation de la monnaie dont les conséquences possibles sur l’action des banques centrales sont encore en étude.
Le déferlement de la vague technologique bouleverse l’univers de la finance et appelle à toujours plus de créativité, reconnaît Jean-Claude Kassi Brou. D’où tout l’intérêt des débats menés au cours de ce symposium?